Les influences de l’art culinaire andalous au Maroc et en Espagne ont été au cœur d’une journée d’étude, organisée vendredi à Rabat, à l’initiative de la chaire Al Andalous de l’Académie du Royaume du Maroc.
Placé sous le thème « l’art culinaire andalous, intersections anthropologiques entre le Maroc et l’Espagne », cet événement culturel entend mettre en exergue l’impact des migrations entre le Maroc et l’Espagne et le rôle de celles-ci dans le transfert des traditions culinaires entre les deux rives de la méditerranée, a indiqué l’agence de presse MAP.
Le développement de la cuisine maroco-andalouse a connu un essor notable durant la période des Almohades, marquée par la publication d’ouvrages majeurs, a souligné Abdelouahed Akmir, administrateur de la chaire Al Andalus.
Dans une déclaration à la presse, M. Akmir a relevé que la cuisine maroco-andalouse est parvenue jusqu’en Amérique latine après sa découverte par les Espagnols et certaines spécialités marocaines, à l’instar du couscous, sont devenues des plats traditionnels au Brésil, où elles ont conservé leurs origines marocaines.
Cette journée d’étude vise à valoriser ce que représentent près de 800 ans de culture islamique dans la péninsule Ibérique, Al Andalus à l’époque, a souligné, pour sa part, l’historien et anthropologue espagnol, spécialiste en gastronomie andalouse, Fernando Rueda.
Intervenant lors d’une conférence intitulée « la cuisine andalouse : une cuisine de continuité », M. Rueda a assuré que contrairement à d’autres cultures qui ont dominé la péninsule ibérique, comme Rome par exemple, le monde arabe a réussi à apporter tout le savoir de son empire.
Cet apport s’est consolidé même après l’expulsion des morisques de l’Espagne, a-t-il noté, précisant que la cuisine andalouse perdure encore aujourd’hui, peut-être sous d’autres noms, mais en conservant son essence.
Selon M. Rueda, 70 % des mets traditionnels sont toujours préparés exactement de la même manière qu’à l’époque.
De son côté, l’universitaire au département des Études Hispaniques de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Mohammedia, Sanae Echairi, a souligné que le plaisir de la nourriture réside également dans la recherche de ses origines, appelant à accorder davantage d’attention à l’origine des spécialités marocaines comme « Rfissa », « Kaâb El Ghzal »….
L’experte en relations culturelles hispano-marocaines et en histoire d’Andalousie a affirmé que le Maroc est un pays qui a toujours été et demeure un point de rencontre de nombreuses civilisations et de nombreux peuples grâce à son positionnement géographique, ajoutant que cette ouverture sur la méditerranée, qui intègre divers apports culturels, a conféré au Royaume une spécificité unique parmi les pays arabes et musulmans.
Au programme de cette journée figuraient un atelier scientifique destiné aux étudiants en master et doctorat travaillant sur des thèses liées à la nutrition au Maroc et en Andalousie, ainsi que des conférences sur l’évolution de l’art culinaire andalou dans ces deux régions.
La journée s’est conclue par une séance de dégustation de plats andalous, permettant de découvrir leur préparation d’autrefois et leur adaptation actuelle. Pour l’occasion, un livret spécial a été publié, comprenant des recettes tirées de sources historiques telles que le « Kitab al-Aghdiya » d’Abdelmalik ibn Zohr et le « Fudalat al-Khiwan » d’Ibn Razin al-Tuyibi.
Dans ce cadre, les chefs Lynah Oddi et Charo Carmona ont été conviés à participer à l’événement pour illustrer, lors de la séance de dégustation, l’évolution de la cuisine andalouse.