Le rôle que peut jouer l’enseignement supérieur dans l’innovation et le développement durable en Afrique a été au centre de la 16ᵉ Conférence Générale Quadriennale qui a ouvert ses travaux lundi à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Salé.
Organisée tous les quatre ans par l’Association des Universités Africaines (AUA), cette conférence est l’événement phare de cette structure et constitue son plus haut organe décisionnel, déterminant les politiques et stratégies de l’enseignement supérieur en Afrique.
Cet évènement, marqué par la présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, réunit un large éventail de participants, notamment des dirigeants d’universités, des chercheurs, des décideurs politiques, des responsables gouvernementaux et des partenaires au développement, en plus d’étudiants et de représentants d’organisations de jeunesse et du secteur privé.
Au menu de cette conférence tenue sous le thème « Façonner l’avenir de l’enseignement supérieur pour l’innovation et le développement durable en Afrique », figurent des sessions scientifiques, des panels de discussion, des sessions spéciales organisées par des institutions partenaires, des expositions et une cérémonie de remise de prix.
S’étalant jusqu’au 25 juillet, cet évènement débattra de thématiques diverses portant sur la promotion de l’innovation, la croissance durable et l’alignement des institutions éducatives avec l’Agenda 2063 de l’Afrique pour répondre aux besoins socio-économiques évolutifs du continent.
Dans une allocution de circonstance, le président de l’UM6P, Hicham El Habti, a souligné que cet événement constitue un espace clé où les universités africaines peuvent réfléchir collectivement et stratégiquement à leur rôle.
Ce rôle, a-t-il précisé, dépasse l’éducation pour englober la production de connaissances éclairant les politiques, de données façonnant les décisions et d’innovation stimulant l’industrie.
Cette conférence représente une opportunité majeure d’accélérer ce changement en définissant des choix stratégiques clairs, notamment l’organisation de la recherche, la structuration des partenariats et la gestion publique de la connaissance comme un bien commun, a expliqué M. El Habti.
Pour sa part, le président de l’Université Mohammed V de Rabat, Mohamed Rhachi, a souligné que les structures universitaires doivent dépasser la simple transmission des connaissances pour devenir « de véritables laboratoires d’information, de science et de réflexion politique » afin de créer des ponts entre la science et la société face aux défis économiques, sociaux et environnementaux de l’Afrique.
M. Rhachi a également insisté sur l’importance de la transformation numérique au sein de l’université, qui requiert de nouveaux investissements en infrastructures numériques, la formation des enseignants et l’intégration de l’intelligence artificielle, de l’analyse des données et de la cybersécurité dans les programmes.
Par ailleurs, il a mis en avant la nécessité d’un alignement constant entre les formations et les besoins du marché du travail, impliquant une concertation continue entre les secteurs public et privé.
De son côté, le président de l’AUA, Bakri Osman Saeed, a affirmé que cette conférence constitue à la fois une plateforme stratégique de réflexion, de collaboration et d’action ainsi qu’une opportunité d’évaluer l’état actuel de l’enseignement supérieur en Afrique, de partager des idées transformatrices et de co-créer une stratégie innovante qui redéfinit le rôle de l’AUA dans le façonnement de l’avenir du continent.
Les institutions africaines ont certes réalisé des progrès notables, mais plusieurs défis persistent, relatifs notamment aux programmes d’études, aux infrastructures de recherche et aux réseaux universitaires, outre les défis liés au financement, a-t-il signalé.
Pour M. Saeed, le thème de cette année invite à repenser les systèmes éducatifs africains pour qu’ils soient plus innovants, inclusifs et alignés sur les aspirations de développement de l’Afrique dans un environnement mondial en rapide évolution.
Abondant dans le même sens, le secrétaire général de l’AUA, Olusala Oyewole, a considéré que l’avenir de l’Afrique, un continent regorgeant de talents, de culture et d’opportunités, repose sur la force de ses systèmes d’enseignement supérieur.
Avec plus de 60 % de sa population ayant moins de 25 ans, le continent dispose de la jeunesse la plus importante au monde, qui devrait représenter un quart de la population mondiale d’ici 2050, a-t-il indiqué, estimant que la question centrale est désormais de « savoir comment construire des systèmes d’enseignement supérieur africains non seulement réactifs, mais véritablement visionnaires, innovants, inclusifs et transformateurs ».
Créée en 1967 et basée à Accra, l’AUA est une organisation non gouvernementale internationale à but non lucratif, fondée par des universités africaines afin de promouvoir la coopération entre elles ainsi qu’avec la communauté académique internationale. Elle regroupe plus de 450 établissements d’enseignement supérieur de toute l’Afrique.