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La cellule terroriste récemment démantelée dans plusieurs villes marocaines constituait une initiative stratégique de la wilaya de Daech au Sahel pour établir une branche active au Maroc, a révélé ce lundi Cherkaoui Habboub, directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ).
Lors d’un point de presse tenu à Salé, M. Habboub a souligné que la menace posée par cette cellule allait bien au-delà du nombre de suspects arrêtés. Elle s’inscrivait en effet dans une dynamique plus vaste orchestrée par Daech au Sahel, visant à créer une structure affiliée au Maroc.
Une cellule pilotée depuis l’extérieur
D’après les premiers éléments de l’enquête, la cellule démantelée était sous la supervision du Comité des opérations extérieures de Daech au Sahel. Ce dernier avait chargé les membres marocains de mettre en place une organisation restreinte, chargée de planifier et exécuter des attaques terroristes sur le territoire national.
Jusqu’à présent, 12 individus âgés de 18 à 40 ans ont été interpellés. Leur profil révèle un niveau d’instruction relativement faible :
- Huit d’entre eux n’ont pas dépassé le secondaire,
- Trois n’ont qu’un niveau primaire,
- Un seul a atteint la première année universitaire.
Sur le plan social, seuls deux suspects sont mariés et pères de famille. La plupart exercent des métiers précaires ou des emplois occasionnels.
Une cellule sur le point de passer à l’action
Les investigations ont également révélé que les terroristes entretenaient des liens étroits avec des cadres de Daech au Sahel, notamment avec des anciens proches d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef terroriste abattu en 2021.
La cellule avait récemment reçu une vidéo d’instructions, les incitant à passer à l’action. Cela suggère que l’exécution des attaques était imminente.
Depuis plusieurs années, le Maroc fait l’objet d’une surveillance accrue de la part des groupes terroristes opérant dans la région du Sahel. En témoignent les nombreuses cellules neutralisées par les services de sécurité marocains, dont celle des trois frères de Had Soualem, démantelée quelques semaines auparavant.
M. Habboub a rappelé que, malgré plusieurs tentatives d’implantation de Daech et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) sur le territoire marocain, aucune n’a abouti grâce à la vigilance des forces de sécurité. Toutefois, la persistance de ces menaces prouve que le Royaume reste une cible prioritaire pour les organisations terroristes actives dans le Sahel.
Une coopération sécuritaire renforcée
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités marocaines collaborent activement avec leurs partenaires internationaux pour contrer et anticiper toute menace. Depuis 2005, plus de 40 cellules terroristes liées aux organisations du Sahel et de l’Afrique subsaharienne ont été démantelées.
Certaines d’entre elles avaient pour objectif d’envoyer des combattants marocains se former dans des camps paramilitaires, avant leur retour pour mener des attaques sur le sol national. D’autres opéraient directement sous les ordres des émirs de guerre affiliés à AQMI ou Daech.
Des précédents inquiétants
M. Habboub a rappelé plusieurs précédents, notamment la cellule de Tanger en 2005, qui entretenait des ramifications en Espagne et en Algérie et était dirigée depuis un camp d’entraînement au Mali. Autre exemple marquant, la cellule d’Amgala en 2011, dont les membres utilisaient un dépôt d’armes caché dans le Sahara.
Le schéma semble se répéter avec la cellule récemment démantelée, dont le mode opératoire et la gestion à distance rappellent les méthodes utilisées par les groupes terroristes sahéliens.
Une menace en pleine mutation
Les services de renseignement marocains poursuivent leurs investigations pour établir d’éventuelles connexions transfrontalières de cette cellule.
D’après le directeur du BCIJ, cette affaire illustre la volonté des groupes terroristes sahéliens d’étendre leurs activités au-delà de leur zone d’influence, en misant sur l’internationalisation des attaques.
L’exemple le plus récent est l’attaque du 31 décembre 2024 menée en Somalie par la branche locale de Daech, où deux kamikazes marocains ont été identifiés parmi les assaillants.
Le Sahel, un terreau favorable aux réseaux terroristes
Le Sahel et l’Afrique subsaharienne sont devenus un terrain privilégié pour les groupes extrémistes. Plusieurs facteurs favorisent leur expansion :
- Conflits ethniques et tribaux,
- Instabilité politique,
- Présence de vastes territoires difficiles à contrôler,
- Liens entre groupes terroristes et réseaux criminels.
Ces conditions constituent une menace croissante non seulement pour l’Afrique du Nord, mais également pour l’Europe, où certains de ces groupes cherchent à exporter leurs activités terroristes.
Face à cette situation, le Maroc reste vigilant et mobilisé, afin d’anticiper toute tentative d’infiltration de ces groupes sur son territoire.
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