C’était donc un leurre. Et les Algériens l’ont compris très tôt. Ceux qui croyaient le contraire, détrompez-vous alors ! En vain, le pouvoir algérien, inamovible malgré la grosse vague de contestation qui ne s’est pas brisée sur la plage des ripostes policières, a tenté de détourner l’attention de l’opinion publique intérieure, en se taillant un rôle formel dans la crise libyenne.
Pour rappel, à Berlin, dimanche 19 janvier 2020, le président algérien et son staff étaient au rendez-vous du nouveau sommet international sur la Libye qui, quoiqu’il a mis à l’écart le Maroc, n’a finalement abouti à rien de concret. Pire, González Laya, la ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’UE et de la coopération, a affirmé que la coalition internationale sur la crise libyenne nécessite la contribution d’acteurs comme le Maroc, vu son importance dans la région, étant capable d’apporter des solutions afin de mettre fin aux hostilités.
Et puis, au vu de la hausse des cours du baril sur le marché mondial, conséquence directe de la récente crise américano-iranienne, tout en sachant que les hydrocarbures libyens étant de qualité et situés à des points stratégiques (zones de forage), de nombreux pays étrangers comme la Turquie, la Russie, à l’instar de la France et les Etats-Unis, veulent marquer leurs territoires en Libye pour se départage le gâteau pétrolier.
Loin d’eux le souci de l’avenir de la Libye ou le bien-être du peuple libyen divisé, les généraux d’Alger avaient un dessein autre derrière de leur participation à ce Sommet et de leurs agitations diplomatiques. Ils avaient peur que le conflit libyen ne retentisse sur leur propre territoire, stimulant un mouvement de contestation qui continue sur sa lancée depuis un an déjà.
Sur le terrain libyen, deux situations : l’intervention turque pour la protection de Tripoli et l’intervention des Emirats Arabes Unis et de la Russie en appui au général libyen Haftar contre les autres factions. Deux situations pour lesquels le président Tebboune et ses ‘’patrons’’ savent qu’ils ont intérêt à apaiser la situation pour que l’onde de contestation ne grandisse en interne.
Et voilà, c’est tout le contraire qui s’est produit. Plusieurs milliers de manifestants ont défilé vendredi 24 janvier 2020 à Alger, pour la 49e semaine consécutive, une mobilisation qui persiste et signe en dépit des tentatives du pouvoir de vouloir engager un dialogue avec les symboles du ‘’Hirak’’.
« On ne s’arrêtera pas, soit vous partez, soit on continue », scandait la foule, encadrée par un important dispositif policier, dans les rues d’Alger et ailleurs. Elle a aussi repris le slogan le plus populaire du « Hirak », le puissant mouvement de protestation populaire qui ébranle le pouvoir algérien depuis le 22 février 2019: « Etat civil, pas militaire ». A l’approche du 1er anniversaire du « Hirak », la mobilisation reste donc importante, imperturbable.
Cette réalité implacable devrait donner à réfléchir à l’establishment d’Alger. Le Maroc, le Sahara marocain et le dossier fomenté tout autour ne sont plus un alibi aussi efficace que par le passé, ou un opium pour réduire au silence le peuple algérien, la jeunesse algérienne, en quête de libertés d’action et de participation à la décision qui engagerait leur pays, aujourd’hui et demain.
MACHAHID24