La répression sous toutes formes sévit en Algérie. Tout rassemblement de manifestant, toute réunion d’un parti politique sont formellement interdits. Les contrevenants risquent la prison et des peines lourdes. Dix-huit manifestants, arrêtés lundi 5 octobre 2020 à Alger lors de rassemblements organisés en commémoration des évènements du 5 octobre 1988, ont comparu mercredi devant le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger, a annoncé le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD).
Un seul manifestant est poursuivi pour « atteinte à la personne du président de la République », alors que les dix-sept autres pour « attroupement non armé, incitation à troubler l’ordre public », a ajouté la même source, citée par des médias algériens.
Lundi dernier, une marche commémorative des évènements du 5 octobre 1988 avait été organisée dans plusieurs villes d’Algérie. Selon le CNLD, 42 personnes avaient été arrêtées lors de cette marche.
A Bejaïa, des dizaines de citoyens s’étaient rassemblées dans la matinée devant le siège de la maison de la Culture Taos-Amrouche, où est dressée une plaque commémorative à la mémoire des victimes de la répression qui avait suivi la révolte populaire d’il y a 32 ans.
D’après un décompte du CNLD au 6 octobre, 74 détenus d’opinion sont en détention.
La répression en Algérie ne semble pas faiblir en cette période de la pandémie de coronavirus, même à l’encontre des journalistes qui couvrent les manifestations. Rien qu’au mois dernier, un journaliste correspondant des médias étrangers a été écroué à la prison pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale », alors qu’il couvrait tout simplement une manifestation.
En août, déjà, un autre journaliste a été condamné à la prison pour les mêmes motifs, tandis qu’une cinquantaine de militants du Hirak croupissent en geôle en attente de jugement.
Même certaines formations politiques dénoncent cette répression. Le Front des Forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition algérien, a accusé le gouvernement de se positionner « à contre-courant de la promotion des libertés en général et de la liberté de la presse en particulier ».
Un collectif de partis politiques, d’associations et membres de la société civile avait dénoncé la « persistance des arrestations arbitraires et les lourdes condamnations d’activistes et de journalistes » en Algérie, qui s’est transformée au final en un pays de « fermeture politique et de répression ».