Plus de quarante ans après la catastrophe aérienne d’Ustica, qui a fait 81 morts et qui n’a jamais été élucidée, cette affaire est revenue sur le devant de la scène, quand un ancien chef de gouvernement italien a accusé, samedi, la France et les États-Unis d’être responsables de cette tragédie et et d’avoir tout fait depuis pour éviter que la lumière soit faite.
Les familles des victimes réclament, depuis le 27 juin 1980, vérité et justice dans cet incident ancré dans la mémoire collective des Italiens et considéré comme l’une des plus grandes catastrophes aériennes de l’histoire du pays, indique l’agence de presse AFP.
Le soir du 27 juin 1980, un DC-9 de la compagnie Itavia avec 81 personnes à bord assurant la liaison Bologne-Palerme s’était abîmé en mer Tyrrhénienne, près de l’île d’Ustica (nord de la Sicile), entraînant la mort des passagers et des membres d’équipage, rappelle la même source.
La thèse avancée par plusieurs experts italiens est que le drame se serait produit quand un ou deux avions libyens poursuivis par des chasseurs américains et français suivaient l’itinéraire de l’avion civil pour échapper à leurs radars. Pris dans ce « scénario de guerre », le DC 9 aurait été abattu par erreur, ou serait entré en collision avec un des Mig présents dans la zone.
Dans un entretien publié samedi par le quotidien La Repubblica, l’ancien Premier ministre Giuliano Amato (1992-1993) reprend cette thèse, affirmant que la France, avec le concours de Washington, avait cherché à supprimer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en pensant qu’il se trouvait dans un des Mig.
« La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l’Armée de l’air française, avec la complicité des Américains », « dans l’intention de « faire la peau à Kadhafi », a-t-il affirmé. La découverte, le 18 juillet 1980, de la carcasse d’un MiG-23 libyen dans les montagnes de Calabre (sud de l’Italie) a aussi alimenté cette hypothèse.
Selon M. Amato, le secrétaire national du Parti socialiste italien de l’époque Bettino Craxi, réputé proche du colonel Kadhafi, aurait eu « vent » d’un danger pour lui s’il entrait dans l’espace aérien italien et l’aurait prévenu, rapporte l’AFP.
Sur Twitter, le fils de Bettino Craxi a confirmé samedi que son père avait bien averti M. Kadhafi. « Mais en 1986 », six ans après la catastrophe, alors qu’il était Premier ministre, a-t-il précisé.
En 2003, le colonel Kadhafi avait accusé les Américains d’avoir alors cherché à le tuer. Paris et Washington ont toujours nié une quelconque implication de leurs appareils dans cette tragédie. « Les Américains étaient convaincus que j’étais à bord de cet avion (le MiG-23). C’est pourquoi, ils l’ont abattu », avait-il déclaré.
Giuliano Amato demande désormais au président français Emmanuel Macron de « laver la honte qui pèse sur la France » soit « en démontrant que cette thèse est infondée, soit, si elle est confirmée, en présentant les excuses les plus sincères à l’Italie et aux familles des victimes ».