jeudi , 2 mai 2024

Le Wali de Bank Al-Maghrib: « La promotion de l’emploi passe par des politiques publiques visant l’investissement et la croissance» 

Intervenant, jeudi à Rabat, à la conférence annuelle du réseau de recherche des Banques centrales de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA), le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri a indiqué que l’emploi reste tributaire essentiellement de la dynamique économique, et sa promotion passe en premier lieu par des politiques publiques visant l’investissement et la croissance.

« Cette politique publique peut aussi contribuer sur plusieurs autres volets, en amont la préparation des jeunes au marché du travail, à travers l’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation, et plus globalement l’investissement dans le capital humain », a affirmé M. Jouahri, selon l’agence de presse MAP.

En aval, a-t-il soutenu que la contribution de la politique publique passe par la mise en place de mesures et d’une réglementation adéquate du marché du travail, facilitant l’embauche, octroyant des incitations ciblées à l’emploi salarié ou à l’entrepreneuriat, et apportant un soutien direct aux personnes ayant des difficultés d’accès à l’emploi.

Toutefois, a précisé le responsable, concevoir et réussir la mise en œuvre de politiques d’emploi efficaces reste un exercice complexe qui requiert une compréhension approfondie des dynamiques du marché et de ses interdépendances avec les différents secteurs de l’économie.

Par ailleurs, le Wali de BAM a souligné que pour les Banques centrales, l’emploi est une variable clé qui affecte la consommation et l’investissement et in fine les prix des biens et services, ajoutant qu’une compréhension approfondie des développements sur le marché du travail est ainsi essentielle pour la conduite de leurs missions, en particulier en matière de politique monétaire.

Au niveau de notre région, a-t-il poursuivi, la problématique de l’emploi se pose avec davantage d’acuité, puisque le chômage atteint globalement un niveau deux fois plus élevé que la moyenne mondiale, soit 10,4% contre 5,8% en 2022.

A cet égard, il a précisé que le chômage touche particulièrement les jeunes, notant que pour la tranche de 15 à 24 ans, environ le tiers ne sont ni employés, ni scolarisés, ni en formation.

Dans de nombreux pays, ce sont paradoxalement les jeunes diplômés qui souffrent le plus du chômage, généralement de longue durée, a souligné M. Jouahri, pointant du doigt la faible participation des femmes dans la région, avec un taux d’activité avoisinant 20%, bien en dessous de la moyenne mondiale qui est proche de 50%.

Il a, en outre, relevé qu’avec les changements de paradigmes et les transformations profondes que les chocs successifs des dernières années ont initiées ou accélérées, l’appréhension de l’évolution des marchés du travail devient de plus en plus difficile, ce qui rend plus complexe la formulation de la politique publique.

Il s’agit , selon M. Jouahri, du changement climatique dont les conséquences directes et indirectes s’annoncent importantes en particulier dans des pays comme le Maroc , où l’agriculture concentre toujours une part importante de la main d’œuvre.

A cet effet, il a plaidé en faveur de davantage d’investissement dans la production des données, dans l’amélioration de leur qualité et de leur granularité et surtout d’une plus grande accessibilité à la donnée en particulier publique, notant que c’est dans ces conditions que les pouvoirs publics, guidés par les résultats d’une recherche de qualité, pourraient mieux répondre aux attentes de la population en matière d’emploi décent en faveur de notre jeunesse et de nos femmes.

Organisée à l’initiative de BAM et du bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA, la troisième édition de cette conférence, sous le thème  » Marchés du Travail et Transformation Structurelle », se tient en prélude aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui auront lieu en octobre prochain à Marrakech.

La rencontre sera marquée par les interventions de plusieurs économistes de renommée internationale et connaîtra la participation de hauts responsables représentant des institutions nationales et internationales, le milieu académique et le secteur privé.

Les travaux de la conférence traiteront principalement des enjeux et défis auxquels les marchés du travail sont confrontés particulièrement à l’échelle de la région MENA, en lien avec les séquelles de la pandémie du Covid-19, le changement climatique, la transformation digitale, les tensions géopolitiques et la montée du protectionnisme, ainsi que la qualité du capital humain et le développement du secteur privé.

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