Le Maroc a mené en 2022 une « réforme audacieuse » de la protection sanitaire qui a permis de mettre fin au système à deux vitesses et de créer le premier système national de santé unifié d’Afrique basé sur des principes mutualistes, affirmé, mardi à Buenos Aires, Abdelaziz Alaoui, vice-président de l’Association internationale de la mutualité (AIM).
Intervenant devant le Congrès international du mutualisme organisé à Buenos Aires, Alaoui a souligné que la réforme de la santé au Maroc offre « un exemple concret et puissant » de ce que représente l’économie solidaire lorsqu’elle est mise en œuvre à l’échelle nationale. Le modèle marocain incarne, selon lui, « le principe fondamental du mutualisme : nous contribuons tous selon nos moyens, afin que chacun reçoive selon ses besoins », a rapporté l’agence de presse MAP.
Notant que « la transformation du Maroc n’est pas théorique, mais concrète, ambitieuse et porte déjà ses fruits », le vice-président de l’AIM a rappelé que jusqu’à récemment, le pays fonctionnait avec deux systèmes de santé distincts. Le programme AMO assurait l’assurance des salariés par prélèvement sur salaire, tandis que le RAMED, un programme subventionné par l’État, offrait des soins aux citoyens à faibles revenus.
« Ces deux systèmes reflétaient l’écart entre l’emploi formel et informel et, inévitablement, un écart dans la qualité des soins reçus », a-t-il relevé, selon la même source.
Toutefois, « La situation a changé en 2022, lorsque le Maroc a lancé une réforme audacieuse fusionnant les deux systèmes en une plateforme nationale de santé unique, appelée AMO-Tadamon », a poursuivi M. Alaoui, faisant remarquer que ce changement a été « rendu possible par une vision Royale, qui a encouragé les responsables politiques à mettre en œuvre ce projet de société en établissant des feuilles de route et des lois (…), car sans participation politique, la solidarité ne peut exister », a-t-il estimé.
Cette mesure, qui a permis d’intégrer 11 millions de personnes, auparavant non couvertes par le RAMED, dans le système complet de l’AMO, a été renforcée par un investissement soutenu en ressources humaines et techniques. Elle a également été communiquée à la population cible, ainsi qu’à tous les acteurs impliqués dans le processus de soins.
Pour rendre les services plus accessibles aux usagers, le Maroc a misé sur la numérisation et les nouvelles technologies afin de réduire les coûts, les distances et les délais, a expliqué l’intervenant marocain.
Il a aussi fait observer que ces progrès ne pouvaient se concevoir sans une réforme globale du système de santé afin de mieux répondre à la demande croissante de soins et de se conformer aux normes de qualité internationalement reconnues.
« Le Maroc a ainsi démontré que les mutuelles de santé ne sont pas réservées exclusivement aux pays à revenu élevé ou aux petites coopératives. Elles peuvent être mises en place et maintenues dans les pays à revenu intermédiaire, puis étendues à l’échelle nationale », a-t-il souligné.
Le modèle marocain, selon lui, remet en question l’idée selon laquelle la gratuité des soins est le seul moyen d’atteindre une couverture universelle. Il démontre au contraire la force des systèmes où les responsabilités sont partagées et les prestations équitables.
Abordant la situation en Afrique, M. Alaoui a déploré qu’il n’y ait que 15 % des Africains qui bénéficient actuellement d’une assurance médicale, alors que la majorité des habitants du continent est employée dans des secteurs informels.
Toutefois, le mouvement mutualiste continue d’agir, via la « Plateforme de Lomé » ou encore la « Déclaration de Dakar », en insistant auprès des gouvernements africains pour qu’ils impulsent progressivement la couverture médicale obligatoire.