Une rencontre dédiée aux manifestations de violence à l’égard des femmes dans la sphère numérique, notamment à l’aide des techniques d’IA et proposant des pistes de protection juridique et judiciaire contre ce phénomène a été organisée, vendredi à Rabat, par la commission régionale de prise en charge des femmes victimes de violence au niveau de la circonscription de la Cour d’appel de Rabat.
Durant cette rencontre, présidée par le Procureur du Roi auprès de la Cour d’appel et marquée par la présence de représentants des différents départements ministériels concernés, les autorités sécuritaires et la Gendarmerie Royale, la présidente de la Commission, Lamiaa Ben Salama, a présenté un exposé sur les nouvelles formes de violence numérique à l’égard des catégories vulnérables de la société, telles que la femme et l’enfant, comme le harcèlement, l’usurpation d’identité, le deepfake, le piratage et la cyber extorsion.
Elle a souligné, à cette occasion, la préoccupation générée par l’usage immoral de l’IA, qui cause la propagation de la violence à l’égard des catégories vulnérables dans la société, notant que la violence numérique entraine des répercussions et un fort impact psychologique pour la femme, notamment lorsqu’elle est associée à la diffamation et au chantage.
Dans ce sens, elle a relevé la création d’unités spécialisées dans la lutte contre cybercriminalité au niveau de la Sûreté Nationale et de la Gendarmerie Royale, afin de protéger les femmes de toutes les formes de cybercriminalité, rappelant l’élaboration de disposition légales relatives à la criminalisation des délits commis en ligne, comme l’extorsion et la diffamation en ligne, notamment les actes utilisant l’IA pour publier des fausses informations et diffamer des individus, outre le lancement d’un nombre d’initiatives nationales dans le but de promouvoir la sensibilisation dans le domaine numérique et lutter contre les défis numériques.
Elle a estimé que malgré les efforts entrepris pour contrer ce type de cybercriminalité, la législation actuelle demeure insuffisante pour accompagner les défis liés à l’usage de l’IA dans ces infractions, appelant à l’adoption de lois spécifiques pour lutter contre ce type de criminalité et à des sanctions fermes contre les auteurs de telles pratiques.
De son côté, le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat, Abdelaziz Raji, a souligné l’émergence de nouvelles formes de crimes perpétrés contre les femmes à travers l’usage de l’IA, ajoutant que cette technologie a introduit une nouvelle dimension de violence insidieuse, difficile à détecter et à contrer.
Il a relevé que les techniques de l’IA sont désormais devenues un outil efficace pour commettre des crimes graves dans l’espace numérique, dans un contexte marqué par les transformations sans précédent induites par la révolution numérique et les avancées rapides de l’IA, avec leurs répercussions sur l’évolution des sociétés et l’apparition de nouvelles formes de violence visant certaines catégories vulnérables.
M. Raji a mis en avant la difficulté de traquer les auteurs de ces crimes, qui agissent souvent sous de fausses identités à travers des plateformes internationales, plaidant pour le recours à des experts qualifiés et à des textes juridiques adaptés pour mieux les appréhender.
Et d’ajouter que, malgré l’absence de textes spécifiques traitant directement de ces infractions, le législateur marocain a œuvré à la mise à jour du Code pénal afin de l’adapter aux engagements internationaux en la matière, en particulier la Convention de Budapest sur la cybercriminalité. De même, il a mis l’accent sur la nécessité d’une synergie des efforts juridiques, techniques et sociétaux pour faire face à ce phénomène, afin de préserver la dignité et la sécurité des femmes dans un monde où la violence ne se limite plus à des actes directs, mais s’exerce désormais à travers des outils intelligents et dissimulés.
Les autres interventions ont porté sur les défis et obstacles posés par la cybercriminalité, ainsi que sur les moyens de les surmonter à travers des lois dissuasives et des actions de sensibilisation et de prévention.