Cinq ans après le début de la vague d’attentats islamistes en France, majoritairement inspirés ou revendiqués par le groupe État islamique, la justice a décidé de dédier une enquête à part aux dirigeants de l’organisation jihadiste et à son chef Abou Bakr al-Baghdadi.
Al-Bagdhadi, 48 ans, et Al-Adnani, l’un des stratèges de l’EI, surnommé le « ministre des attentats », sont désormais visés par un mandat d’arrêt international émis lundi, 14 octobre 2019, par les juges d’instructions, rapporte l’AFP vendredi 18 octobre 2019 de source judiciaire.
Dès 2014 et la proclamation par al-Baghdadi de la restauration d’un « califat » islamique sur des vastes territoires en Irak et en Syrie, l’organisation a lancé un appel à tuer des civils européens et américains. Appels qui se sont intensifiés après les premières frappes aériennes de la coalition internationale contre ses bastions.
Al-Adnani, qui aurait été tué dans une frappe ciblée à l’été 2016, s’était attaché à motiver des jihadistes isolés à passer à l’action dans leur pays d’origine ainsi qu’à superviser des campagnes de terreur en Occident. Quel rôle ont-ils joué dans la vague d’attentats en Europe, et notamment auprès de la cellule jihadiste franco-belge responsable des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis et du 22 mars 2016 à Bruxelles ?
Un collectif d’avocates de victimes des attentats du 13-Novembre avait réclamé fin août aux juges d’instruction qu’un mandat d’arrêt soit lancé contre le chef de l’EI, estimant qu’il était « a minima complice » de ces attaques. Mais l’opportunité d’émettre un tel mandat a fait l’objet de débats dans le monde judiciaire, alors que les chances de voir les responsables du groupe État islamique remis à la justice française sont minimes.
Cette nouvelle enquête, ouverte pour « direction ou organisation d’association de malfaiteurs terroriste criminelle », constitue « une grande avancée », a salué auprès de l’AFP ce collectif de cinq avocates mené par Me Aude Rimailho, qui envisage de se constituer partie civile.