Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benjamin Netanyahu pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza, dévastée par la guerre et en proie à une grave crise humanitaire.
Plus tôt, jeudi, le Premier ministre israélien avait annoncé sur Fox News qu’Israël avait « l’intention » de prendre le contrôle de l’enclave mais « pas (de) la gouverner » ou de la « garder », a rapporté l’agence de presse AFP.
Selon le plan validé dans la nuit, l’armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique un communiqué des bureaux du Premier ministre.
« Le cabinet de sécurité – par un vote à la majorité – a adopté cinq principes pour conclure la guerre: le désarmement du Hamas; le retour de tous les otages – vivants et morts -; la démilitarisation de la bande de Gaza; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza; l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne », ajoute le texte, cité par l’AFP.
Actuellement, l’armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a dénoncé vendredi matin sur X la décision du cabinet, la qualifiant de « catastrophe qui va entraîner beaucoup d’autres catastrophes ».
Il a estimé que ce plan allait amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique ».
« Les plans de Netanyahu (…) confirment sans l’ombre d’un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », a affirmé jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.
Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation (…) malgré la proximité d’un accord final », le mouvement islamiste assure que « toute escalade (…) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël.
La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant « à conquérir l’ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés » situés dans le centre du territoire, une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes.
Alors que la presse s’est fait aussi l’écho des réserves du chef d’état-major, voire de son opposition à ce plan, l’intéressé s’est pour la première fois exprimé publiquement jeudi: « Nous continuerons d’exprimer notre position sans crainte, de manière pragmatique, indépendante et professionnelle », a commenté le lieutenant-général Eyal Zamir. Et de mettre en garde: « Nous ne limiterons plus notre réponse. Nous éliminerons les menaces à leur stade précoce ».
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.
Après 22 mois d’une guerre dévastatrice, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien depuis Gaza, le petit territoire palestinien est menacé d’une « famine généralisée », selon l’ONU, et dépend totalement de l’aide humanitaire, distribuée en quantités largement insuffisantes d’après les humanitaires.