Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a recommandé le développement d’un cadre juridique et fiscal adapté aux besoins du secteur de l’industrie navale, pour mieux accompagner les mutations que connaît l’économie bleue au Maroc.
Lors d’une rencontre consacrée, mardi à Rabat, à la présentation des conclusions de son rapport annuel 2023 sur le secteur de l’industrie navale au Maroc, le Conseil a appelé à mettre en place des modes de financement adaptés aux besoins des investisseurs privés du secteur, soulignant la nécessité de pallier la pénurie significative de ressources humaines qualifiées dans de nombreuses spécialités dont le secteur a besoin.
Au cours de la réunion, à laquelle ont participé des acteurs du secteur et des représentants d’organismes professionnels, le CESE préconise l’élaboration d’une stratégie nationale intégrée de l’industrie navale, regroupant les différents programmes ou plans sectoriels y afférents au secteur, traitant des divers aspects pouvant influencer la performance, l’attractivité et la compétitivité de l’offre nationale.
Le Président du CESE, Ahmed Réda Chami a, dans ce sens, souligné que la promotion du secteur de l’industrie navale fait partie des principaux piliers pour la constitution d’une flotte maritime commerciale nationale forte et compétitive, une ambition exprimée dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte, précisant que cette ambition s’inscrit dans le cadre du projet d’émergence économique de la façade atlantique du Maroc dans ses prolongements africains et américains, et avec le reste du monde.
L’édification d’un secteur naval national compétitif permettra de diversifier et d’enrichir les composantes du secteur industriel marocain, de favoriser le transfert de technologies et de compétences, d’intégrer des ressources humaines de différents niveaux de qualification et de contribuer à la réduction de la dépendance vis-à-vis de l’étranger dans le domaine des services de construction, de réparation et d’acquisition de navires, a-t-il dit.
M. Chami a dans ce cadre passé en revue les potentialités dont regorge le Maroc notamment deux façades maritimes avec un littoral de 3.500 km, ses infrastructures portuaires en constante évolution et ses ressources humaines compétitives, soulignant les fortes synergies entre le secteur de l’industrie navale et les métiers développés dans d’autres secteurs tels que l’automobile, l’aviation, la construction, les travaux publics, la sidérurgie et l’électronique.
À cet égard, M. Chami a souligné la nécessité d’adopter une approche progressive à court et moyen termes, en se focalisant sur les activités dynamiques à la portée du Maroc en termes de technologie, de compétences et d’infrastructures, tout en ciblant le marché local et les marchés d’exportation, en particulier ceux du bassin méditerranéen et de la façade atlantique de l’Afrique.
Il a également appelé à optimiser et à investir dans les potentiels prometteurs à même de permettre au Maroc de mieux se positionner dans des activités et marchés de l’industrie navale.
Pour sa part, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a mis l’accent sur l’importance de faciliter la connectivité entre les différentes composantes de la côte atlantique, en mettant à disposition des terminaux de transport et de logistique, afin de promouvoir la mise en place d’une flotte maritime commerciale nationale forte et compétitive. Cette flotte maritime s’inscrit dans une ambition économique et politique plus large qui vise à assurer une connexion fluide entre les composantes de la côte atlantique du continent africain et à transformer sa destination atlantique en un axe de communication humain, un pôle d’intégration économique et une source de rayonnement continental et international, a expliqué le ministre, notant que l’étude du ministère portant sur le développement d’une flotte maritime commerciale en mesure de consolider la complémentarité régionale et la souveraineté économique nationale et de contribuer au développement économique et social, est à sa phase finale.
L’objectif est de faire en sorte que d’ici 2040, le Royaume dispose d’une flotte maritime forte et compétitive, a indiqué M. Abdeljalil. Présentant les recommandations de ce rapport, Lahcen Oulhaj, président de la commission d’analyse de la conjoncture économique, sociale et environnementale, a souligné l’importance de faire de la coopération internationale un facteur d’accélération du développement du secteur, à travers des relations stratégiques avec des pays avancés ayant développé l’industrie navale, tels que la Corée, le Portugal, les Pays-Bas et le Vietnam.
Il a également appelé à encourager l’implantation des entreprises opérant dans le domaine, avec des clauses stipulant le transfert de connaissances et de technologies, la promotion de l’emploi direct et des aspects de gouvernance sur la base d’une stratégie nationale intégrée pour l’industrie navale, qui intègre divers programmes sectoriels et thématiques dans une approche progressive, et examine divers aspects pour assurer le positionnement stratégique du Maroc dans ce secteur.