samedi , 16 août 2025

Tbourida, l’art équestre qui fait galoper l’âme du Maroc, titre un journal argentin

Tbourida, cet art équestre mêlant tradition, spiritualité et héritage militaire, est l’une des expressions folkloriques les plus spectaculaires du Maroc, écrit ce vendredi le quotidien argentin « La Nacion » sous le titre « La Tbourida, un art équestre qui fait galoper l’âme du Maroc ».

« Le grondement des coups de feu qui résonne dans le ciel du Maroc, ne donne pas le signal d’une guerre, mais le début d’une fête : La Tbourida, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO », ajoute l’auteur du reportage, Enrique Villegas, selon l’agence de presse MAP.

Soulignant que cet art ancestral s’invite à tous les Moussems, « ces festivals qui animent villes et campagnes » dans le Royaume, le journal note que le cheval est le « protagoniste incontesté de la Tbourida. Il occupe une place centrale, chargé d’une signification symbolique profonde en Islam. Sa noblesse et son évocation dans le Coran lui confèrent une dimension spirituelle et historique ».

« La Tbourida, poursuit l’article, reproduit une tactique antique de combat : des escadrons de cavaliers lancés au galop simulent une charge, tirent simultanément des coups de feu en l’air, puis se replient avec une précision millimétrée ».

La manœuvre utilisée jadis à des fins militaires, est devenue un défilé d’honneur, immortalisé au XIXᵉ siècle par le peintre Eugène Delacroix pour accueillir des hôtes de marque.

« Aujourd’hui, cet art s’exprime comme une compétition entre escadrons – les sorbas – qui rivalisent de synchronisation, d’élégance et de panache », observe-t-il.

Le journal décrit ensuite le déroulé précis du spectacle : « sur un vaste enclos de sable, les chevaux parcourent à vive allure plusieurs centaines de mètres, portés par l’ardeur de leurs cavaliers. Chaque sorba compte entre 15 et 25 participants, toujours en nombre impair pour placer le meneur au centre. Les cavaliers arborent caftans, turbans et babouches, tandis que leurs montures se parent de harnachements richement décorés.

Le point culminant reste le Baroud, ce tir final vers le ciel qui déclenche une détonation assourdissante, aussitôt saluée par les acclamations de la foule. Instant d’extase collective, il vaut à la Tbourida son autre nom : la « fantasia ». Plus qu’un spectacle, c’est une affirmation d’identité, de fierté tribale et de dévotion religieuse qui, à chaque représentation, rallume la flamme de l’âme marocaine ».

La quinzaine de photos, qui illustrent l’article de « La Nacion », capturent notamment l’instant précis où les fusils crachent la poudre. Les visages fermes et concentrés des cavaliers, tout comme la tension des chevaux au galop, traduisent la discipline et la maîtrise nécessaires pour atteindre la perfection de ce tir collectif, le Baroud, souligne la MAP.

D’autres clichés mettent en lumière la dimension inclusive et intergénérationnelle de la Tbourida : des cavalières en rouge ou en blanc, chevauchant avec assurance, participent aux mêmes épreuves que leurs homologues masculins. Leur présence, fière et déterminée, illustre l’évolution de cette tradition ancestrale, qui conjugue désormais l’héritage tribal et les aspirations contemporaines.

Le moment final, le Baroud, est une déflagration sonore suivie des acclamations du public. Les clichés publiés reflètent fidèlement un instant de communion dans lequel identité, fierté et dévotion se confondent dans un même souffle, réaffirmant la place de la Tbourida comme un pilier vivant du patrimoine marocain.

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