A 79 ans, celui qui était chef d’état-major, vice-ministre de la défense, véritable homme fort du pays, et qui a imposé l’élection présidentielle du 12 décembre creusant le fossé entre les manifestants et le régime, a tiré sa révérence lundi 23 décembre 2019 dans l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja à Alger.
La disparition d’Ahmed Gaïd Salah était tout sauf attendue. Pourquoi ? Tout bonnement, parce que la mort est signe de faiblesse pour des personnages comme le général Gaïd auquel on prêtait des pouvoirs inhabituels et sans limites. Mais toute chose a une fin. Et toute vie a un point de non retour. Sauf pour le régime algérien. Détrompez-vous ! Tout fort, tout puissant, tout invincible qu’il était ou qu’il laissait entrevoir, Gaïd Salah n’était qu’un pion parmi tant d’autres de l’impénétrable FLN qui règne toujours sur l’Algérie depuis la guerre de l’indépendance du pays au début des années 60.
D’ailleurs, la relève a été assurée dans la journée de son décès. Et la nomination du nouveau pion du régime n’a choqué que les crédules. Il s’agit du Général de division Saïd Chengriha, Commandant des forces terrestres, nommé Chef d’état-major par intérim, par le président Tebboune.
Rassurez-vous, le nouveau est bien ‘’rôdé’’. Il est connu et réputé pour être très hostile au Maroc. Il nourrit la même animosité que nourrit son prédécesseur à l’égard du Maroc.
Ses propos, mi-mars 2016, à l’occasion de manœuvres effectuées sous la supervision d’Ahmed Gaid Salah, dans le Secteur opérationnel Sud-Tindouf, -3è Région militaire dont Chengriha était le Commandant-, avaient choqué par leur violence. Il avait qualifié le Maroc d’«ennemi des Sahraouis et de l’Algérie»!
Une succession qui ne change donc rien au statu quo et qui ne présage de rien de bon pour le futur des relations maroco-algériennes, en dépit de la main tendue par le Roi Mohammed VI – un appel à la réconciliation qu’il a réitéré dans sa lettre de félicitations adressée à M. Tebboune suite à son élection à la présidence de l’Algérie.
Le pouvoir algérien est tenu entre les mains de l’armée. Et l’armée est administrée d’une main de fer par les vieux du FLN qui ne veulent rien lâcher. D’ailleurs, le successeur de Gaïd Salah est aussi un vieux du FLN. Mais une lueur d’espoir existe, toute infime soit-elle. L’armée compte dans ses rangs des jeunes gradés qui ne peuvent pas se prévaloir de cette époque de la guérilla pour l’indépendance dont se vantent à chaque fois les indéboulonnables du FLN pour faire valoir une légitimité obsolète.
C’est dire qu’aujourd’hui, il existe une chance inouïe que l’Algérie se libère de la mainmise du FLN et de l’armée sur les manettes du pouvoir. Ces jeunes officiers et autres hauts gradés de l’armée peuvent se rebiffer contre ce statu quo qui dirige le pays droit vers l’abîme. Il est temps qu’ils remettent les pendules à l’heure et enterrent, une fois pour toutes, ces mensonges grossiers sur le Maroc et sur le dossier fomenté autour du Sahara marocain. Cette chance de se réconcilier avec le peuple algérien et l’histoire est peut-être unique, ultime. C’est maintenant ou jamais. Car, petit rappel, la mort de Gaïd Salah et la décision du président contesté Tebboune de décréter trois jours de deuil, n’ont pas empêché les Algériens et les étudiants en particulier de sortir dans la rue pour appeler les autres symboles du régime à quitter le pouvoir. A bon entendeur.