Le pouvoir algérien trinque depuis dix mois, au gré des manifestations inlassables et régulières menées par des citoyens animés par la volonté tenace de se libérer du joug de ceux qui pillaient les richesses de leur pays depuis plusieurs décennies.
Un pouvoir dont le pilier, l’armée s’entend, parait essoufflé face à un mouvement de contestation qui ne fléchit pas, n’abdique pas et ne se résigne pas. Ce qu’il a tenté de dissimuler tant bien que mal à l’opinion publique internationale, en faisant accroire que les manifestations sont de petite ampleur et très peu représentatives de la population algérienne, s’est démenti ces dernières semaines.
Les manifs se suivent mais ne se ressemblent pas. Le nombre des manifestants augmente. De nouvelles catégories rallient la foule. Un bloc uni et soudé qui n’exige que le départ des symboles de ce pouvoir qui craignent de perdre des alliés, après chaque diffusion d’images de contestation hebdomadaire dans les rues algériennes.
Et c’est justement cette crainte qui nourrit un peuple convaincu et désabusé. Et cette même crainte affaiblit ce pouvoir incarné par l’octogénaire Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, héritage insoluble de l’ère Bouteflika.
Mais quand cette crainte concerne un allié de taille, un allié incontournable qu’est l’Union européenne, la bande de Gaïd Salah, qui s’accroche encore au pouvoir en vendant des élections contestées pour placer ses pions, a vraiment de quoi s’inquiéter.
La sortie de l’eurodéputé, Raphael Glucksmann, qui a annoncé que l’UE examinera la situation politique inquiétante en Algérie, n’est pas passée inaperçue. Le pouvoir algérien -et c’est là une preuve tangible qu’il manipule la présidentielle du 12 décembre- a répondu au travers les candidats à la présidentielle. Ces derniers n’y sont pas allés de main morte en fustigeant le parlement européen et en considérant la sortie de l’eurodéputé comme une ingérence dans les affaires internes du pays.
Le pouvoir a mobilisé aussi le gouvernement. « L’Algérie, en tant qu’institutions et peuple, n’admet aucune tentative d’ingérence dans ses affaires internes », a déclaré à Alger le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, ministre de la Culture par intérim, Hassen Rabehi.
Qu’en déduire ? Le pouvoir algérien est dans la défensive, une tactique qui trahit sa faiblesse et témoigne du fait qu’il ne tient plus les ficelles comme il le laisse croire. C’est un géant aux pieds d’argile.