C’est un tournant périlleux dans la vie politique en Algérie. Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et homme fort de l’Algérie, a indiqué mercredi 18 septembre 2019 avoir ordonné à la gendarmerie d’empêcher l’accès à la capitale Alger aux manifestants d’autres régions du pays.
« J’ai donné des instructions à la gendarmerie nationale » en ce sens, a déclaré dans un discours le général Gaïd Salah, en appelant à « l’application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris l’interpellation et la saisie des véhicules et des autocars utilisés, ainsi que la délivrance d’amendes à leurs propriétaires.
Dans ce discours prononcé à Tamanrasset, dans l’extrême sud, le général Gaïd Salah a motivé sa démarche par l’existence de « certaines parties (…) aux intentions malveillantes, (qui) font de la liberté de déplacement un prétexte pour justifier leur dangereux comportement », lequel « consiste à créer tous les facteurs qui perturbent la quiétude des citoyens ».
Ces « parties », non identifiées, drainent « chaque semaine des citoyens issus de différentes wilayas (préfectures) du pays vers la capitale afin d’amplifier les flux humains dans les places publiques, avec des slogans tendancieux qui n’ont rien d’innocent », a argué Ahmed Gaïd Salah.
« Leur véritable objectif est d’induire l’opinion publique nationale en erreur avec ces moyens trompeurs pour s’autoproclamer fallacieusement comme les porte-voix du peuple algérien », a-t-il ajouté.
Depuis bientôt sept mois, l’Algérie –en particulier Alger– est le théâtre chaque vendredi de manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont abouti à la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril, et elles se poursuivent avec parmi ses mots d’ordre le départ de l’ensemble du « système » au pouvoir.
L’annonce du chef d’état-major de l’armée intervient trois jours après l’annonce d’une nouvelle date pour la tenue d’une présidentielle, le 12 décembre.