L’adoption définitive de la loi cadre relative à l’éducation nationale continue de faire des mécontents. Après avoir tenté d’inciter les parlementaires de son parti à se rebeller et voter contre le texte élaboré par le gouvernement, l’ancien chef de l’exécutif, Abdelilah Benkirane semble bien déterminé à s’y opposer par tous les moyens. La dernière trouvaille de l’ancien chef de file du parti de la Justice et du Développement (PJD) est de monter un nouveau Front rejetant les dispositions de cette loi qui sera applicable dès la rentrée prochaine.
Tenant une réunion chez l’ancien leader du parti de l’Istiqlal, M’hamed Khalifa, mercredi dernier, Abdelilah Benkirane et ses nouveaux « amis » ont renouvelé leur refus de certaines dispositions de la loi. Il s’agit notamment des articles relatifs à l’alternance linguistique et à l’enseignement des matières scientifique en langue française. Signant une pétition contre la loi-cadre, ils rappellent que l’article 5 de la constitution de 2011 stipule que « l’arabe demeure la langue officielle de l’Etat. L’Etat Œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation… ».
Les auteurs de cette pétition dont l’ancien bâtonnier Abderrhmane Benamrou et l’actuel président de l’Union des Oulamas Musulmans, alertent sur ce qu’ils ont appelé « les dangers entourant la langue arabe ». Pour eux, les nouvelles dispositions restent incompréhensibles et scientifiquement infructueuses. « Il s’agit d’imposer un enseignement en langues étrangères dans l’Éducation nationale, loin des connaissances scientifiques et l’étude objective des moyens de promouvoir l’école marocaine », lit-on sur le texte de la pétition.
Plusieurs observateurs s’interrogent déjà sur les raisons de ce nouveau rassemblement entre d’anciens ténors de la gauche, des islamistes et des linguistes politiquement actifs. En effet, la liste compte, en plus des noms précités, des personnalités comme l’écrivain Abdessamad Belkbir, le linguiste Abdelkader Fassi Fihri ainsi que des membres du mouvement Al Adl Wal Ihssane et du mouvement Unicité et Réforme (MUR). Un mélange qui semble annonciateur de la création d’un nouveau mouvement politique notamment après les insinuations de Benkirane, se disant ne plus être honoré de faire partie du PJD.