Quoi de plus vil et de plus infâme que d’utiliser la religion dans des calculs politiciens bas. C’est ce que vient de faire Shems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui a exhorté, en son nom personnel et au nom de l’institution religieuse qu’il représente, vendredi 15 avril 2022, les fidèles à glisser un bulletin au nom d’Emmanuel Macron lors du second tour du scrutin.
Mais aller jusqu’à exploiter la prière de vendredi, qui connait un rassemblement imposant de fidèles, pour envoyer un message politique clair et faire campagne au président sortant et candidat LREM, Emmanuel Macron, cela frôle juste l’impensable.
Shems-Eddine Hafiz ne s’est pas engagé corps et âme pour M. Macron pour rien. Il a eu la contrepartie. Quelle qu’elle soit, il a obéi aux ordres qui lui sont parvenus des plus hautes instances de son pays. Il ne faut pas être un génie pour s’en rendre à l’évidence. Shems-Eddine Hafiz a publié, le 15 avril 2022, son communiqué très pathétique intitulé « Votons pour Emmanuel Macron », usant de certaines vieilles techniques de la propagande et de la manipulation, soit deux jours après la visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, mercredi 13 avril 2022. Pure coïncidence ? Ni le timing ni l’opportunité de la visite ne plaident pour cette hypothèse très invraisemblable. Officiellement, il a été dit que Le Drian, qui a été reçu par le président algérien, Abdelmajid Tebboune et son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, .visait à établir une relation de confiance et à lever l’incompréhension entre les deux pays, afin de normaliser les relations bilatérales au début de le nouvel an. Sauf que les us et coutumes diplomatiques et politiques veulent que durant les derniers jours d’un gouvernement sortant, l’on s’abstient de signer de nouveaux accords ou d’en renégocier d’anciens et l’on se contente juste de gérer les affaires courantes en interne. Le Drian est venu à Alger à dix jours du second tour de la présidentielle française qui oppose le 24 avril prochain Emmanuel Macron et la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen. Il essayait de dissimuler son agenda occulte. C’est un parti pris pour le candidat Emmanuel Macron qui cherche à pactiser avec le diable pour ne pas perdre les élections. Mais on oublie que celui qui mange à la gamelle du diable a besoin de surveiller ses arriérés même en disposant d’une longue cuillère. La France d’Emmanuel Macron risque gros mais peu lui importe, quitte même à serrer la main d’un régime autoritaire qui ne se gêne pas de faire usage de la torture pour museler la constatation populaire. Tebboune avait promis à Le Drian l’appui des Algériens de France à un moment où ces derniers huent et critiquent ouvertement voire manifestent contre l’establishment militaire au sommet duquel il perche sans en détenir toutefois les ficelles. Il ne fallait s’y méprendre. Tebboune et ses supérieurs hiérarchiques ont contacté leurs sbires en France et non pas les Algériens de France. La junte militaire s’accroche au moindre espoir d’avoir un allié au moment où elle se retrouve isolé et qu’on cherche à l’éviter comme la peste.