Le 29 mars 2020, le journaliste Khaled Drareni, 40 ans, a été arrêté. Personne ne comprenait pourquoi il le fut. Directeur du site d’information local Casbah Tribune et correspondant en Algérie de la chaîne française TV5 Monde et Reporters sans frontières, il avait rendu compte d’une manifestation du mouvement Hirak, qui protestait depuis des mois dans les rues contre les abus du pouvoir. Son Procès inéquitable fut prolongé. En appel, le 15 septembre, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale » Les accusations portées contre lui étaient celles d’«incitation à des réunions non armées » et de « atteinte à l’unité nationale ». Entre les faits qui lui sont reprochés et les faits réels, un écart abyssal.
Cet écart traduit une instrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif en Algérie. Certains diront et alors, qu’est-ce qui a changé ? Ce n’est pas le premier journaliste ou ça ne sera certainement pas le dernier ! Le cas Drareni est différent. Certes, depuis le début du mouvement du Hirak il y a un an et demi, qui a entrainé la destitution de Bouteflika, nombre de journalistes qui ont choisi de rapporter la vérité, ont payé fort le prix de leur intégrité. Drareni en fait partie. Sauf que le concernant, il a l’avantage d’être correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières. Une sorte de couverture, bien évidemment, qui a servi sa cause et son affaire. S’il n’a pas été médiatisé, son procès n’aurait pas attiré l’attention de la presse française et internationale et du monde entier.
Faire taire les dessous des procès livrés aux journalistes et manifestants par le pouvoir algérien servait à entretenir une image d’une Algérie en transition démocratique telle que la machine de propagande officielle, orchestrée par la junte militaire, véhiculait.
Maintenant, le monde entier et les institutions européennes en particulier ont eu vent du système de la répression poursuivi en Algérie et de la dictature exercée sur un peuple opprimée qui ne jouit point des richesses que recèle son pays. Aujourd’hui au fait de ces abus indescriptibles, les institutions européennes ne peuvent continuer à coopérer normalement avec les autorités algériennes comme par le passé, si elles veulent toujours être taxées de démocratiques.
D’ailleurs, la question adressée par l’eurodéputée Silvia Sardon à la commission européenne et au service d’action extérieur du Parlement européen puise tout son sens dans le futur de ces relations bilatérales UE-Algérie à la lumière du cas Drareni qui ne représente qu’un exemple édifiant des exactions d’un régime à la dérive.